Nostalgie Baroque
La Galerie Saint-Pierre vous invite à vous plonger avec jubilation dans le monde pictural de Tardivo, un univers baroque, fantaisiste et émouvant où se meut, alerte, une galerie de personnages féminins typés aux infinies postures.
L’habile composition patchwork du peintre exhume un imaginaire familier qui évoque la nostalgie de l’enfance, la simplicité, la bohème d’antan. Un folklore de teintes, une série de scénettes décalées, audacieuses, un panache gouailleur et sensible de couleurs donnent vie à un monde pittoresque, bancal débordant d’humanité.
Tardivo s’est inventé un imaginaire où les femmes s’adonnent aux joies de la couleurs. D’où viennent ces héroïnes exquises et grotesques, fardées, endimanchées ? De drôles de bonnes femmes aux traits irréguliers, à la silhouette rudimentaire, dont les immenses yeux opalins se posent sur vous avec bienveillance, espièglerie, intensité, s’adonnent à un fabuleux manège. Elles exhibent avec éloquence et bonhomie un vestiaire, une chevelure bigarrée, une physionomie dégingandée. La simplicité prend des allures romanesques. Ces icônes primitives auxquelles l’alliance des couleurs insuffle une présence attachante, palpable, animent un étrange cirque enchanteur. La toile devient le terrain de jeu de leurs épiques pérégrinations. Tardivo compose avec brio une ode tendre et délurée aux allégories de l’enfance, aux temps des souvenirs profanes, aux sensations réminiscentes. Personnages et éléments du décor s’agencent avec élégance et vitalité sur un même plan d’où la profondeur est bannie. Il met en scène d’étranges visions fantasques dans lesquelles se côtoient un répertoire d’objets au goût d’enfance, un bestiaire insolite peuplé d’oiseaux mutins et de petits chiens dociles et joueurs … Une roue de charrette en hommage au père artisan et rural, une locomotive qui siffle l’heure du départ vers un ailleurs pourpre et généreux sans doute en souvenir d’une grand-mère garde-barrière, une balançoire descendue des cieux exhale un doux parfum d’escarpolette et entraîne dans son envolée plaisante une fillette exaltée par la luminosité d’un jardin grenat.
Isabelle LACROUTS
2006